Rapport 2021 sur l'aide belge au développement
Coopérer pour la reconstruction post-covidLe Rapport 2021 du CNCD-11.11.11 sur l’aide belge au développement présente une analyse critique de l’évolution des politiques belges en matière de coopération au développement. Ce rapport analyse la période allant de janvier 2020 à septembre 2021. Après un aperçu des tendances observées au niveau international (chapitre 1), le Rapport étudie les dernières évolutions en termes de quantité de l’aide (chapitre 2), de qualité de l’aide (chapitre 3), ainsi que de cohérence des politiques en faveur du développement (chapitre 4). Son dernier chapitre (chapitre 5, « Zoom ») présente cette année différentes recommandations pour que la Belgique puisse contribuer à la reconstruction post-Covid dans les pays du Sud.
c’est toute une décennie de progrès en matière de lutte contre la pauvreté mais aussi l’atteinte des Objectifs de développement durable qui sont menacés
Au niveau du contexte international, la crise sanitaire a bouleversé le monde tout au long de l’année écoulée, provoquant de plus une crise économique, financière et sociale au Nord comme au Sud. Ces crises multiples ont accentué la pauvreté et les inégalités dans le monde. Résultat : c’est toute une décennie de progrès en matière de lutte contre la pauvreté mais aussi l’atteinte des Objectifs de développement durable qui sont menacés. Malgré ce constat, l’aide publique au développement n’a augmenté que de 3,5% en 2020 pour atteindre 161 milliards USD –une goutte d’eau face aux 16000 milliards USD déjà mobilisés de par le monde pour faire face à la crise sanitaire.
L’aide publique au développement de la Belgique est enfin repartie à la hausse en 2020
De son côté, la Belgique peut être prudemment saluée en termes de quantité de l’aide : son aide publique au développement est enfin repartie à la hausse en 2020, tant en volume qu’en pourcentage du revenu national brut (RNB). Néanmoins, cette augmentation s’est accompagnée de déséquilibres grandissants entre les canaux de la coopération : les montants de la Coopération gouvernementale n’ont jamais été aussi bas en plus d’une décennie ; à l’inverse, l’aide humanitaire n’a elle-même jamais été aussi élevée. En outre, cette augmentation ne résulte pas nécessairement de décisions politiques structurelles, car elle est en grande partie le fruit d’un contexte spécifique et de décisions antérieures. Dans son accord de coalition, le gouvernement belge a pris l’engagement de mettre en œuvre une trajectoire contraignante de croissance afin que l’aide belge atteigne les 0,7% du RNB d’ici 2030. Un ancrage dans la loi s’impose pour concrétiser cet engagement.
Au niveau de la qualité de l’aide, la politique belge de coopération au développement a été examinée dans le cadre de l’examen par les pairs de l’OCDE en 2020. Le rapport qui en ressort félicite la Belgique sur plusieurs points : la Coopération belge est guidée par des principes nobles et des priorités sectorielles pertinentes face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, tout en concentrant son aide dans les pays dits « les moins avancés » et les contextes fragiles. Les nouvelles approches dans les domaines de la souveraineté alimentaire et de la migration méritent aussi d’être saluées. Néanmoins, une clarification de la stratégie d’appui au secteur privé reste nécessaire, tout comme des mesures supplémentaires pour assurer le respect des principes d’efficacité de l’aide et du développement.
En matière de cohérence des politiques en faveur du développement (CPD), elle aussi objet de recommandations lors de l’examen par les pairs, notons que le mécanisme institutionnel assez complet censé l’assurer a été détricoté au cours de la dernière législature. Le nouveau gouvernement et la nouvelle ministre de la Coopération au développement en particulier ont cependant pris des initiatives concrètes qui laissent entendre leur volonté de plus de cohérence. Plusieurs initiatives sont à saluer, même si un organe de concertation interministériel se fait attendre. Dans la pratique, certaines décisions ont été effectivement cohérentes avec les objectifs de développement, et d’autres beaucoup moins. En termes de cohérence, on relève le soutien de la Belgique au rehaussement de l’ambition sur le climat, ainsi que sa décision d’interdire les agrocarburants à base d’huile de palme et de soja dans le secteur des transports. À l’inverse, le nouveau pacte de l’UE sur l’asile et la migration ainsi que la réforme de la Politique agricole commune (PAC) sont deux exemples de politiques européennes manquant de cohérence et où la Belgique n’a pas tenu une position forte en faveur de la cohérence des politiques pour le développement. De son côté, l’avant-projet de Plan fédéral de dévelop- pement durable pose question : sans changements subs- tantiels, il pourrait devenir un autre exemple d’incohérence.
Enfin, le Zoom de ce Rapport pose la question cruciale des mesures à mettre en œuvre pour contribuer à la reconstruction post-Covid dans les pays du Sud. Le principe de la cohérence des politiques en faveur du développement implique que la Belgique s’engage en faveur d’un accès équitable aux vaccins, de la réforme OCDE contre l’évasion et l’optimisation fiscales des entreprises transnationales, de la taxe européenne sur les transactions financières, des allègements de dettes et d’une augmentation des financements climat. En parallèle, l’augmentation de l’aide publique au développement demeure une partie indispensable de la solution, allouée de manière prioritaire aux secteurs les plus pertinents, dont la santé, la protection sociale et la sécurité alimentaire.