Aide publique belge au développement, rapport 2012
L’aide en temps de crises : repli ou coopération ?
En 2011, le paysage européen de la solidarité internationale a fait grise mine, suite à la crise et à l’austérité ambiantes. Pour la première fois depuis 2007, les montants d’aide publique au développement (APD) dans l’Union européenne, pourtant premier bailleur mondial, ont baissé. En Belgique, alors que l’effort de solidarité s’était maintenu au cours des dix dernières années, le budget de l’APD a baissé de 10% par rapport à 2010 et, jusqu’en 2014, un gel budgétaire est de mise. L’objectif d’arriver à allouer au moins 0,7% de la richesse créée pour développement s’éloigne donc à nouveau, avec un résultat de 0,53% du RNB en 2011.
Dans ce contexte de pression sur les finances publiques, la question de l’efficacité est plus que jamais au centre des préoccupations. Le 4e Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, qui s’est tenu en Corée du Sud à la fin de l’année 2011, devait apporter un cadre nouveau, dans lequel la multitude d’acteurs impliqués dans la coopération au développement puisse se retrouver. L’exercice fut laborieux, et les résultats peu convaincants. Non seulement les pays donateurs n’ont pas atteint les cibles qu’ils s’étaient fixées, mais aucune proposition concrète de réorientation n’a fait suite au constat d’échec. Le résultat principal de la rencontre réside dans la reconfiguration du dialogue international pour le développement, au-delà de la seule aide publique. Améliorer l’efficacité de l’aide ne suffit pas, en effet. Tous les acteurs concernés par le développement doivent désormais être impliqués. Des principes communs ont ainsi été énoncés, même si les engagements restent pour l’heure « différenciés », faute d’accord sur les nouveaux objectifs et la manière de les atteindre. Et surtout parce que c’était la seule condition à laquelle les puissances émergentes du Sud, nouveaux venus dans la cour des bailleurs, acceptaient de se rallier au « Partenariat de Busan pour une coopération efficacité au service du développement ».
Comme on a pu l’observer dans de nombreuses rencontres internationales ces dernières années, le dialogue entre les différents groupes de pays continue de se faire dans la difficulté. Les pays émergents, nouveaux acteurs phares, concentrent la majorité de la population mondiale et les records de croissance économique. L’enjeu est donc maintenant d’attirer ces nouvelles puissances incontournables autour de la table, au risque d’aboutir à des accords a minima. L’aide n’est pas la seule concernée. Commerce, finance, climat : tous les enjeux globaux font les frais de ces tentatives de consensus basées sur le plus petit commun dénominateur.
De plus, chacun de ces débats est lié à une multitude de domaines politiques. Dès lors se pose la question inévitable : comment améliorer la cohérence de l’ensemble des politiques en faveur du développement ? Jusqu’où chaque acteur ou groupe d’acteurs est-il prêt à aller dans la recherche de cet équilibre précaire entre ses intérêts et les urgences globales ? Les inégalités de développement ne sont plus réductibles à une simple fracture Nord - Sud. Alors qu’elle est confrontée à des crises globales, la communauté internationale est plus que jamais en mal de dialogue et de coopération. Le rapport 2012 sur l’aide publique belge au développement, élaboré par le CNCD-11.11.11, met en lumière ce nouveau dilemme majeur, oscillant entre la tentation du repli et la nécessité de coopérer.